
En résumé :
- Le Réseau Express Vélo (REV) crée une « bulle de sécurité » qui vous sépare physiquement des voitures.
- Un itinéraire précis existe pour traverser la ville du nord au sud sans jamais quitter ces axes protégés.
- Combiner BIXI, métro et Communauto élimine le stress des pannes ou des imprévus.
- Des astuces simples permettent d’éviter les vols et les contraventions les plus courantes à Montréal.
L’idée de découvrir Montréal à vélo, de sentir la brise en longeant le Plateau ou Griffintown, est séduisante. Mais pour beaucoup, cette image idyllique se heurte rapidement à une réalité intimidante : le trafic, le bruit, et cette appréhension constante de devoir partager la chaussée avec les voitures. Vous avez peut-être entendu parler du Réseau Express Vélo (REV) ou vu des cyclistes aguerris se faufiler en ville, mais pour vous, tout cela ressemble à un puzzle complexe et un peu risqué.
Et si la clé n’était pas de devenir un cycliste intrépide du jour au lendemain, mais de découvrir qu’il existe un chemin pensé pour vous ? Un corridor de tranquillité qui traverse la ville, vous isolant du stress de la circulation. Cet article n’est pas juste une carte, c’est une cartographie de la sérénité à vélo. Nous allons vous démontrer qu’il est non seulement possible, mais aussi agréable et simple de relier le nord et le sud de Montréal sans jamais avoir à jouer des coudes avec les automobilistes.
En tant que cartographe bénévole, ma mission est de révéler ces passages secrets et ces logiques urbaines qui transforment l’expérience cycliste. Nous allons d’abord décortiquer pourquoi le REV est une véritable révolution pour votre sécurité. Ensuite, nous tracerons l’itinéraire pas à pas, avant de vous donner toutes les clés pour anticiper les petits tracas : quel vélo choisir pour nos rues, comment le protéger du vol, et comment maîtriser les règles locales pour rouler l’esprit libre. Préparez-vous à voir la ville sous un nouvel angle.
Cet article vous guidera à travers les différentes facettes d’une traversée de Montréal à vélo à la fois sécuritaire et agréable. Le sommaire ci-dessous vous permettra de naviguer facilement entre les conseils pratiques et les itinéraires de découverte.
Sommaire : Votre cartographie pour une traversée cycliste sereine à Montréal
- Pourquoi le Réseau Express Vélo (REV) est plus sûr que les pistes cyclables traditionnelles ?
- Comment relier les plus belles murales de la ville en un circuit vélo de 2h ?
- Hybride ou route : quel vélo résiste le mieux aux nids-de-poule montréalais ?
- L’erreur au stop que la police de Montréal ne pardonne jamais aux cyclistes
- Où attacher son vélo pour réduire de 90% les risques de vol au centre-ville ?
- Comment le cocktail BIXI + Métro + Communauto couvre 100% de vos besoins ?
- Comment transformer votre trajet sur la ligne orange en séance d’exercice invisible ?
- Comment rejoindre la Route Verte depuis le centre-ville pour une longue sortie ?
Pourquoi le Réseau Express Vélo (REV) est plus sûr que les pistes cyclables traditionnelles ?
Pour un cycliste qui appréhende la circulation, la différence entre une simple bande peinte sur la chaussée et une piste du Réseau Express Vélo (REV) est fondamentale. Le REV n’est pas juste une piste cyclable améliorée ; c’est une véritable bulle de sécurité conçue pour vous séparer du trafic motorisé. La principale innovation est la séparation physique. Sur la grande majorité de ses 251 km, des murets de béton, des poteaux ou une large bande de dégagement vous isolent des voitures. Fini, le stress des portières qui s’ouvrent ou des véhicules qui frôlent.
La sécurité du REV repose aussi sur une signalisation intelligente. Des feux de circulation dédiés aux cyclistes et des sas vélos aux intersections vous permettent de démarrer avant les voitures, réduisant drastiquement les risques de conflit dans les angles morts. La largeur des voies a été pensée pour permettre des dépassements sécuritaires entre cyclistes, évitant les manœuvres brusques. Cette infrastructure robuste inspire une telle confiance qu’elle est utilisée massivement : l’axe Saint-Denis a vu, par exemple, plus de 1,5 million de trajets enregistrés en 2023.
Enfin, le REV est pensé pour une utilisation à l’année. Grâce à un programme de déneigement prioritaire, les pistes restent praticables et sécuritaires même en hiver, ce qui n’est pas toujours le cas des pistes traditionnelles. Cet ensemble de mesures crée un environnement où même le cycliste le plus occasionnel peut se sentir en confiance, se concentrant sur le plaisir de pédaler plutôt que sur les dangers de la route.
Comment relier les plus belles murales de la ville en un circuit vélo de 2h ?
Traverser Montréal à vélo n’est pas qu’une question de déplacement ; c’est aussi une formidable occasion de transformer un trajet en exploration culturelle. Le réseau cyclable, et notamment le REV, passe au cœur des quartiers les plus créatifs de la ville, offrant un accès privilégié à un musée à ciel ouvert. Voici un itinéraire simple de deux heures pour en prendre plein la vue, en toute sécurité.

Ce parcours, conçu pour être accessible, vous fera découvrir certaines des plus belles œuvres de street art de Montréal. C’est la preuve que la mobilité douce peut parfaitement s’allier à la découverte artistique.
Itinéraire REV-Art : votre circuit des murales en 2 heures
- Départ (0 min) : Prenez un BIXI ou votre vélo à la station Berri-UQAM et remontez l’axe sécurisé du REV Saint-Denis vers le nord.
- Le cœur du MURAL Fest (15 min) : Arrivé sur le Boulevard Saint-Laurent, prenez le temps de flâner. C’est ici que se concentrent des dizaines d’œuvres monumentales.
- Traversée vers l’ouest (25 min) : Empruntez la rue Rachel, une autre artère cyclable majeure, pour rejoindre l’avenue du Parc.
- Ambiance du Ghetto McGill (45 min) : Descendez vers le sud par l’avenue du Parc, puis bifurquez sur la rue Prince-Arthur, maintenant piétonne et cyclable, pour une ambiance plus calme.
- Les trésors du Mile-End (1h10) : Remontez vers le nord via la rue Saint-Urbain jusqu’au Mile-End. Explorez les rues adjacentes pour y dénicher des murales plus discrètes.
- Art industriel (1h40) : Prenez le tout nouveau REV Bellechasse vers l’est pour admirer les œuvres peintes sur le Viaduc Van Horne, un point de vue unique.
- Retour au calme (2h00) : Redescendez tranquillement par la piste cyclable apaisante de la rue Boyer pour boucler votre circuit.
Hybride ou route : quel vélo résiste le mieux aux nids-de-poule montréalais ?
Le choix du vélo a un impact direct sur le confort et la sécurité de votre trajet, surtout dans une ville comme Montréal où la chaussée peut être… capricieuse. Les fameux nids-de-poule ne sont pas une légende, et un vélo inadapté peut transformer une balade agréable en une séance de secousses désagréable, voire dangereuse. Alors que les vélos de route, avec leurs pneus très fins, sont conçus pour la vitesse sur un asphalte parfait, ils sont souvent trop rigides pour nos rues.
Pour le cycliste occasionnel qui cherche avant tout le confort et la polyvalence, le vélo hybride est un excellent point de départ. Sa position de conduite plus droite offre une meilleure visibilité, et ses pneus, plus larges que ceux d’un vélo de route, absorbent mieux les petites imperfections. C’est un compagnon fiable pour la majorité des trajets urbains sur piste cyclable.
Cependant, le champion secret des rues montréalaises, le conseil d’initié que l’on se partage entre passionnés, est le gravel bike (vélo de gravelle). Il représente le compromis idéal : il conserve un cadre léger et efficace, mais il est conçu pour accueillir des pneus de 35-40mm, bien plus larges et robustes. Cette caractéristique lui permet d’avaler les fissures et les petits nids-de-poule sans sourciller, tout en gardant une bonne vitesse. Sa géométrie plus relaxée vous aide à anticiper les obstacles, ce qui est un atout majeur sur des axes au revêtement parfois dégradé comme De Lorimier ou Christophe-Colomb.
L’erreur au stop que la police de Montréal ne pardonne jamais aux cyclistes
Se sentir en sécurité à vélo, c’est aussi connaître et respecter les règles pour éviter les accidents… et les contraventions. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) porte une attention particulière à la cohabitation sur la route, et certaines infractions commises par les cyclistes sont plus sévèrement surveillées que d’autres. Le contexte est d’ailleurs à la vigilance, avec plus de 600 opérations policières menées près des écoles juste pour le mois de septembre 2024.
L’erreur la plus commune, et celle qui est le plus souvent sanctionnée, est le non-respect de l’arrêt complet à un panneau stop. Beaucoup de cyclistes ralentissent et continuent si la voie est libre (ce qu’on appelle parfois « l’arrêt à l’américaine »), mais le Code de la sécurité routière du Québec exige un arrêt complet, c’est-à-dire un pied à terre. C’est une mesure de sécurité essentielle pour bien analyser l’intersection, mais aussi un point sur lequel les agents sont intransigeants. L’amende, qui peut sembler modeste (entre 15$ et 30$), s’accompagne de frais qui peuvent rapidement faire grimper la note.
Au-delà du stop, d’autres comportements sont dans le viseur : rouler sur le trottoir, griller un feu rouge, ou encore porter des écouteurs dans les deux oreilles, ce qui vous coupe des bruits de la circulation et constitue un danger. Connaître ces règles n’est pas une contrainte, mais un outil de plus pour garantir votre tranquillité d’esprit.
Votre checklist anti-contravention : les points à vérifier
- Arrêt complet au stop : Est-ce que je m’immobilise complètement et pose un pied à terre avant de repartir ?
- Réflecteurs obligatoires : Mon vélo est-il équipé de tous les réflecteurs requis (blanc à l’avant, rouge à l’arrière, sur les roues et les pédales) ?
- Circulation sur la chaussée : Suis-je bien sur la rue ou la piste cyclable, et non sur le trottoir ?
- Respect des feux : Est-ce que j’attends le feu vert pour piétons ou cyclistes avant de m’engager ?
- Sens de la circulation : Est-ce que je roule bien dans le même sens que les voitures ?
Où attacher son vélo pour réduire de 90% les risques de vol au centre-ville ?
La plus grande angoisse après celle de la circulation, c’est bien celle du vol. Rien n’est plus frustrant que de finir sa course ou son rendez-vous et de retrouver un espace vide là où se trouvait son vélo. Malheureusement, ce n’est pas un mythe : plus de 1348 vélos ont été rapportés volés à Montréal sur les sept premiers mois de 2024. Cependant, des stratégies simples permettent de réduire ce risque de manière drastique.
La première règle est de toujours choisir un support à vélo officiel de la ville, solidement ancré dans le béton. Évitez les clôtures fragiles, les panneaux de signalisation (d’où un vélo peut être soulevé) ou les jeunes arbres. Privilégiez un endroit passant et bien éclairé. Un voleur préférera toujours un endroit discret pour opérer. La deuxième règle concerne la technique : utilisez un cadenas en U de bonne qualité. Les cadenas à câble sont trop faciles à couper. La méthode la plus sûre est de passer le cadenas en U pour qu’il sécurise à la fois la roue arrière et le cadre du vélo au support.

Enfin, un outil puissant et dissuasif est l’enregistrement de votre vélo. Le programme Garage 529, en partenariat avec le SPVM, vous permet d’enregistrer gratuitement votre numéro de série et de coller un autocollant inviolable sur le cadre. Cet autocollant signale aux voleurs que le vélo est tracé, ce qui complique énormément sa revente et a un véritable effet dissuasif. Depuis 2021, ce sont 25 000 vélos qui ont été enregistrés à Montréal, une mesure simple pour une grande tranquillité d’esprit.
Comment le cocktail BIXI + Métro + Communauto couvre 100% de vos besoins ?
La peur de la panne — une crevaison, un bris mécanique — au milieu d’un long trajet peut être un frein majeur. Que faire si votre vélo vous lâche à mi-chemin ? C’est ici qu’intervient la « logique multimodale », un véritable filet de sécurité qui rend le cycliste montréalais quasi invincible. L’idée n’est pas de dépendre d’un seul mode de transport, mais de les voir comme une boîte à outils interconnectée.
Imaginons le scénario classique : vous partez de Villeray pour rejoindre Griffintown, une belle traversée nord-sud. À la hauteur du Plateau, vous avez une crevaison. Pas de panique. Votre premier réflexe : verrouillez solidement votre vélo à un support. Ensuite, ouvrez l’application BIXI sur votre téléphone. En quelques secondes, vous localisez la station la plus proche (par exemple, Mont-Royal/Saint-Laurent). Vous prenez un BIXI, pédalez jusqu’à la station de métro Mont-Royal, puis descendez la ligne orange jusqu’à Bonaventure. Vous êtes arrivé à destination, et votre vélo vous attend sagement pour être réparé plus tard. Le stress est remplacé par une solution fluide.
Cette synergie est non seulement pratique mais aussi économiquement viable. Penser en multimodalité, c’est s’offrir une flexibilité maximale. Pour un retour tardif, une grosse course à faire ou simplement un jour de pluie, l’option Communauto, réservable via une application, complète ce trio. Vous n’êtes plus jamais coincé.
Le tableau ci-dessous compare les options pour un trajet Villeray-Griffintown et montre clairement l’avantage de la flexibilité.
| Mode de transport | Temps moyen | Coût estimé | Flexibilité |
|---|---|---|---|
| Vélo personnel seul | 25-30 min | 0$ | Limitée (crevaison = blocage) |
| BIXI + Métro | 35-40 min | ~6$ | Excellente |
| Auto partagée | 20-45 min | 15-20$ (essence + stationnement) | Bonne mais coûteuse |
| Multimodal optimal | 30-35 min | Variable 5-10$ | Maximale |
À retenir
- Le REV est la colonne vertébrale d’un trajet sécurisé grâce à sa séparation physique du trafic.
- Le choix d’un vélo adapté (type hybride ou gravel) et une technique de verrouillage solide sont essentiels.
- La multimodalité (BIXI, Métro) n’est pas une alternative, mais un plan B qui garantit une tranquillité d’esprit totale.
Comment transformer votre trajet sur la ligne orange en séance d’exercice invisible ?
Pour le cycliste urbain, le métro n’est pas seulement un plan B en cas de pépin, c’est aussi un partenaire d’entraînement insoupçonné. En intégrant de petits changements à vos habitudes de transport en commun, notamment sur la ligne orange qui est la colonne vertébrale de notre traversée nord-sud, vous pouvez ajouter une dose significative d’activité physique à votre quotidien. C’est ce que j’appelle « l’exercice invisible » : des efforts qui ne ressemblent pas à une séance de sport, mais qui, cumulés, font une vraie différence.
Le principe est simple : au lieu de chercher systématiquement le chemin le plus court et le moins fatigant, faites l’inverse. Par exemple, au lieu de descendre à la station la plus proche de votre destination finale, descendez un ou deux arrêts plus tôt et terminez à pied. Un trajet depuis le nord qui s’arrête à la station Mont-Royal plutôt qu’à Berri-UQAM vous ajoute 10 à 15 minutes de marche agréable sur une des plus belles artères de la ville, ce qui constitue un excellent échauffement avant de récupérer votre vélo ou de commencer votre journée.
Les stations de métro elles-mêmes sont des terrains de jeu. Prenez le défi d’éviter systématiquement les escaliers mécaniques. Les 96 marches de la station Bonaventure représentent un excellent exercice cardiovasculaire, équivalent à monter cinq étages. Le long couloir de correspondance de la station Square-Victoria-OACI, s’il est parcouru à vive allure, se transforme en une piste de marche rapide de 8 minutes. Cette synergie métro-vélo-marche crée un programme d’entraînement croisé naturel, améliorant votre endurance et préparant vos muscles à l’effort cycliste sans même y penser.
Votre programme d’exercices sur la ligne orange
- Défi Échauffement : Descendez à la station Mont-Royal et marchez 10 minutes jusqu’au Plateau pour un échauffement pré-vélo parfait.
- Défi Cardio : À la station Bonaventure, montez les 96 marches d’escalier sans vous arrêter.
- Défi Endurance : À Square-Victoria-OACI, parcourez le long couloir de correspondance en marche rapide.
- Défi Mollets : À Lionel-Groulx, profitez de la dénivellation importante entre les lignes pour solliciter vos mollets dans les escaliers.
- Défi Quotidien : Évitez tous les escaliers mécaniques pendant une semaine et ajoutez plus de 2000 pas à votre journée.
Comment rejoindre la Route Verte depuis le centre-ville pour une longue sortie ?
Une fois que vous êtes à l’aise avec la traversée de la ville, l’envie de vous évader pour une sortie plus longue se fera sentir. Montréal est une porte d’entrée exceptionnelle vers la Route Verte, le plus grand réseau cyclable d’Amérique du Nord. Depuis le centre-ville, deux axes principaux vous permettent de quitter l’effervescence urbaine pour des paysages plus tranquilles, le tout sur des pistes entièrement sécurisées.
La première option est la sortie Ouest via le canal de Lachine. Au départ du Vieux-Port, cette piste mythique de 14,5 km vous guide le long de l’eau dans un décor post-industriel magnifique. Vous passerez par des points de repère comme le marché Atwater, idéal pour une pause gourmande, avant d’arriver aux écluses de Lachine, où vous connecterez directement avec la Route Verte 5. C’est un parcours plat, accessible et rempli d’histoire.
La deuxième option est la sortie Est via la piste Notre-Dame. Toujours depuis le Vieux-Port, vous prenez la direction de l’est. Cette piste vous fait longer le fleuve, passer à proximité du Parc olympique et du parc Maisonneuve, avant de rejoindre la Promenade Bellerive. La jonction avec la Route Verte 1 se fait ensuite à la hauteur de Pointe-aux-Trembles, vous ouvrant les portes des routes de campagne de la Rive-Nord. Pour les plus ambitieux, il est même possible de faire une boucle de 50 km en empruntant la digue de la Voie maritime du Saint-Laurent depuis le parc Jean-Drapeau pour rejoindre la Rive-Sud.
Ces deux itinéraires sont bien balisés et équipés de services (toilettes, fontaines d’eau), rendant une longue sortie beaucoup moins intimidante. C’est l’étape suivante logique pour tout cycliste qui a pris confiance en ville et qui souhaite maintenant explorer plus loin.
Maintenant que vous avez la carte et les clés en main, il ne vous reste plus qu’à enfourcher votre vélo et à partir à la conquête de la ville, en toute confiance.