
La véritable nouvelle cuisine montréalaise ne se trouve pas sur Instagram, mais en apprenant à décoder les signes de l’authenticité locale.
- La saisonnalité radicale et les produits hyper-locaux sont le premier indice de créativité.
- La place au comptoir est une expérience en soi, un signe de transparence et de passion.
- L’écosystème des chefs (leur « pedigree ») est un indicateur plus fiable que la popularité médiatique.
Recommandation : Appliquez notre grille d’analyse pour évaluer votre prochaine réservation et manger comme un véritable initié montréalais.
Montréal. Son nom seul évoque une scène gastronomique bouillonnante, un carrefour de saveurs où la poutine côtoie le foie gras et où chaque quartier semble abriter une nouvelle adresse incontournable. Pour le foodie passionné, ce foisonnement est à la fois une promesse et un défi. Comment naviguer dans cette mer d’options sans tomber dans les pièges à touristes ? Comment distinguer le restaurant authentiquement créatif de celui qui ne fait que surfer sur une vague éphémère ?
La plupart des guides se contentent de lister les noms en vogue, les Joe Beef et Mon Lapin de ce monde, ou de vous diriger vers les files d’attente interminables pour un brunch photogénique. On vous répète à l’envi de « manger local », mais sans jamais vous donner les clés pour comprendre ce que cela signifie vraiment au-delà du slogan. Ces approches vous condamnent à suivre les traces des autres, pas à forger votre propre parcours de découvreur.
Et si la véritable compétence n’était pas de connaître les *noms*, mais de maîtriser la *méthode* pour les débusquer soi-même ? L’essence de la nouvelle cuisine montréalaise ne se résume pas à une liste. C’est une philosophie, un ensemble de signaux subtils qui témoignent d’une créativité ancrée dans son terroir et son temps. Cet article n’est pas un annuaire de plus. C’est un manuel de décodage. Il vous apprendra à penser comme un critique local, à lire entre les lignes d’un menu, à interpréter l’agencement d’une salle et même à comprendre ce que votre pourboire dit de la santé du système.
Nous allons déconstruire les marqueurs fondamentaux de cette scène culinaire unique. De la saisonnalité radicale imposée par le climat québécois à la culture si particulière du comptoir, en passant par les stratégies pour déjouer la « hype » et l’art d’organiser une tournée gastronomique, vous obtiendrez les outils pour identifier avec certitude les artisans qui définissent aujourd’hui, et demain, le goût de Montréal.
Cet article vous guidera à travers les signaux, les astuces et les concepts qui vous permettront de devenir votre propre critique gastronomique. Explorez notre sommaire pour naviguer à travers les clés de lecture de la scène culinaire montréalaise.
Sommaire : Les clés pour déchiffrer la scène culinaire de Montréal
- Pourquoi le menu change-t-il radicalement entre juin et novembre (et pourquoi c’est bon signe) ?
- Comment obtenir une table chez Joe Beef ou Vin Papillon sans être une célébrité ?
- Bar ou table : où s’asseoir pour voir les chefs à l’œuvre et avoir des extras ?
- L’erreur de faire la file 2h pour un brunch juste parce qu’il est sur Instagram
- Combien laisser de pourboire : la norme de 18-20% expliquée aux visiteurs
- Pourquoi les Fermes Lufa ont changé le paysage alimentaire de Montréal ?
- Yul Eat ou Martinique Gourmande : quel événement pour découvrir des saveurs exotiques ?
- Comment organiser un souper progressif (entrée, plat, dessert) dans trois restos différents ?
Pourquoi le menu change-t-il radicalement entre juin et novembre (et pourquoi c’est bon signe) ?
À Montréal, le calendrier agricole n’est pas une suggestion, c’est une loi d’airain. Un menu qui reste statique toute l’année est le premier drapeau rouge. La véritable créativité s’exprime dans la contrainte, et la contrainte québécoise est celle d’une saison de croissance courte mais intense, suivie d’un long hiver. Un restaurant qui définit la nouvelle cuisine locale ne se contente pas de « s’inspirer » des saisons ; il vit à leur rythme. C’est ce qu’on pourrait appeler la saisonnalité radicale.
Entre juin et novembre, les menus explosent de fraîcheur. C’est la période où les chefs peuvent puiser directement dans l’abondance locale. L’enjeu n’est plus seulement de servir des tomates du Québec, mais de mettre en vedette des produits hyper-saisonniers, dont la fenêtre de disponibilité ne dure que quelques semaines. Un menu qui propose des têtes de violon en mai, des camerises en juillet ou de l’argousier en septembre est un signe indéniable de connexion profonde avec le terroir.
Inversement, l’hiver est le véritable test de créativité. Un chef ingénieux ne se tourne pas massivement vers les produits importés. Il révèle sa maîtrise à travers les techniques de conservation. Repérez sur la carte les mentions de fermentations, de marinades, de conserves et de produits séchés. Un plat hivernal sublimé par des légumes racines, des courges de conservation et des cornichons maison en dit bien plus sur l’identité québécoise d’un restaurant qu’une fraise d’Espagne en février. Cette approche est de plus en plus plébiscitée, car les restaurateurs cherchent à répondre aux attentes de la clientèle pour l’achat local.
Pour évaluer rapidement un restaurant, cherchez ces indices :
- Le menu change-t-il au moins quatre fois par an ?
- Des producteurs locaux (ex: Jardins de la Grelinette) sont-ils nommément cités ?
- Voyez-vous des produits emblématiques et éphémères de la saison québécoise ?
- En hiver, la carte met-elle en avant des techniques de conservation maison ?
Un menu qui coche ces cases est la signature d’une cuisine vivante, intelligente et profondément montréalaise, qui a choisi de célébrer son identité plutôt que de la masquer.
Comment obtenir une table chez Joe Beef ou Vin Papillon sans être une célébrité ?
Tenter d’obtenir une réservation dans les temples de la gastronomie montréalaise comme Joe Beef ou Vin Papillon peut sembler une mission impossible. Les créneaux en ligne disparaissent en quelques secondes, et l’idée de simplement se présenter relève du fantasme. Pourtant, des gens « normaux » y mangent tous les soirs. Leur secret n’est pas la célébrité, mais une compréhension fine de ce que l’on appelle l’écosystème des chefs.
Plutôt que de voir chaque restaurant comme une forteresse isolée, il faut les imaginer comme des planètes interconnectées. Les grands restaurants sont souvent le soleil d’un système qui inclut des établissements satellites plus accessibles. C’est là que réside la clé. Le groupe Joe Beef en est l’exemple parfait : si Joe Beef et Vin Papillon sont pris d’assaut, leur voisin, le Liverpool House, est souvent plus facile d’accès. En devenant un client régulier et apprécié de cet établissement, vous entrez dans l’écosystème. Vous développez une relation avec le personnel, qui est souvent le même ou qui gravite entre les différents lieux du groupe.
Étude de cas : La stratégie de l’écosystème Joe Beef & Mon Lapin
L’écosystème des restaurants du groupe Joe Beef dans la Petite-Bourgogne illustre parfaitement ce principe. En fréquentant le Liverpool House, plus accessible, un client tisse des liens avec l’équipe, ce qui peut organiquement faciliter l’accès aux très convoités Joe Beef ou Vin Papillon. Cette même logique d’écosystème a propulsé Vin Mon Lapin, un autre projet issu de cette galaxie, dans le top 3 des meilleurs restaurants du Canada en 2025, prouvant que la loyauté et la connaissance de ces réseaux sont plus efficaces que l’acharnement sur une plateforme de réservation.
Cette stratégie ne se limite pas à un seul groupe. La nouvelle scène montréalaise est un village. Les chefs et le personnel de salle bougent, ouvrent de nouveaux projets, collaborent. Suivre le « pedigree » d’un chef est un outil de critique puissant. Le chef d’un nouveau restaurant qui fait parler de lui a-t-il fait ses classes chez Toqué!, au Mousso, ou chez Foxy ? C’est souvent un gage de qualité et de philosophie culinaire. En soutenant les projets émergents de ces anciens, vous découvrez les pépites de demain, souvent avec un meilleur rapport qualité-prix et sans le stress de la réservation.
En somme, pour pénétrer le cercle des initiés, ne frappez pas à la porte principale. Entrez par la porte de côté, montrez votre intérêt sincère pour l’ensemble du projet, et les portes les plus exclusives s’ouvriront naturellement.
Bar ou table : où s’asseoir pour voir les chefs à l’œuvre et avoir des extras ?
Dans la plupart des restaurants du monde, le choix est simple : une table pour deux, quatre, ou plus. À Montréal, et particulièrement dans les établissements qui définissent sa nouvelle cuisine, une troisième option est souvent la meilleure : le comptoir. Loin d’être une place de second choix pour les clients solitaires, la culture du comptoir est au cœur de l’expérience gastronomique. Choisir sa place n’est pas une question de logistique, mais une déclaration d’intention.
Il faut distinguer deux types de comptoirs. Le comptoir-bar, tourné vers le service des boissons, offre une ambiance plus sociale, décontractée, idéale pour un apéro ou un repas sur le pouce. C’est souvent là que les places pour les « walk-ins » (clients sans réservation) se trouvent. Le comptoir-cuisine, lui, est un véritable théâtre. Assis face à la brigade en action, vous obtenez une place au premier rang pour observer la danse précise et intense de la création culinaire. C’est un signe de transparence et de fierté de la part du restaurant.
Ce paragraphe introduit le tableau comparatif qui suit, détaillant les avantages de chaque type de comptoir dans des établissements montréalais spécifiques. Comme le montre une analyse des meilleures tables de la ville, le comptoir est une expérience à part entière.
| Type de comptoir | Exemples à Montréal | Avantages | Idéal pour |
|---|---|---|---|
| Comptoir-cuisine | Le Mousso, Sabayon | Vue directe sur la brigade, interactions avec le chef, extras fréquents | Clients solos, couples, passionnés de gastronomie |
| Comptoir-bar | Vin Mon Lapin, Joe Beef | Ambiance sociale, service rapide, walk-in possible | Apéro improvisé, rencontres, ambiance décontractée |
| Hybride | Mon Lapin, Buvette Laganière | Flexibilité, vue partielle sur cuisine, bon compromis | Première visite, groupes de 2-3 |
Ce schéma met en lumière le rôle crucial du comptoir. C’est là que la magie opère. Votre proximité avec les chefs ou les barmans facilite l’échange. Montrez un intérêt sincère, posez des questions pertinentes sur un produit ou une technique, et il n’est pas rare de recevoir un « extra » : un vin à goûter, une petite bouchée que le chef teste. Ce n’est pas un dû, mais une conséquence naturelle de la connexion qui se crée.

Comme vous pouvez le constater, le comptoir n’est pas qu’un meuble, c’est une interface. Comme le résume un guide gastronomique local, c’est une opportunité unique pour une expérience enrichie.
Les places au comptoir sont souvent réservées aux personnes seules ou en duo, et cela devient un atout pour une expérience culinaire plus intime et instructive.
– Guide gastronomique montréalais, RestoMontreal.ca
La prochaine fois que vous réservez, ne demandez pas simplement « une table ». Demandez « deux places au comptoir-cuisine ». C’est un code qui signale au restaurant que vous n’êtes pas là juste pour manger, mais pour participer à l’expérience.
L’erreur de faire la file 2h pour un brunch juste parce qu’il est sur Instagram
Le phénomène est bien connu : une photo d’une assiette de pancakes parfaitement moelleuse ou d’un bagel dégoulinant de fromage à la crème sur Instagram, et une file d’attente de deux heures se matérialise sur le trottoir. Si la popularité peut être un signe de qualité, elle est souvent le simple symptôme d’une « hype » photogénique. Le vrai foodie montréalais sait que le meilleur brunch n’est que rarement celui pour lequel tout le monde fait la file.
Faire la queue pendant des heures pour un repas est souvent une mauvaise gestion de votre ressource la plus précieuse : le temps. Des établissements comme Arthur’s Nosh Bar sont devenus des attractions quasi-touristiques pour leur brunch juif emblématique et très instagrammable. La nourriture y est bonne, mais l’expérience globale est-elle à la hauteur de l’attente ? Les initiés savent que le « pedigree » et l’innovation se trouvent souvent à quelques rues de là, sans la file.
Étude de cas : Arthur’s Nosh Bar et l’alternative de l’écosystème
Arthur’s Nosh Bar à Saint-Henri attire des foules pour son brunch. Cependant, les connaisseurs explorent les projets des mêmes propriétaires, comme Romies dans le Vieux-Montréal. Ce dernier, avec sa terrasse spectaculaire, offre une expérience plus raffinée sans le phénomène de file d’attente. De même, de nouveaux établissements à Villeray ou dans d’autres quartiers, souvent ouverts par d’anciens sous-chefs de grandes maisons, proposent une cuisine innovante et de qualité similaire, mais dans une atmosphère plus sereine, comme le souligne l’analyse de médias locaux sur les nouvelles ouvertures.
Pour éviter de tomber dans le piège de la hype, il faut développer un esprit critique et s’armer d’une méthode d’analyse. Au lieu de suivre aveuglément les influenceurs, apprenez à évaluer le potentiel réel d’un restaurant.
Votre plan d’action : la grille d’analyse anti-hype
- Vérifiez le pedigree du chef : A-t-il ou elle travaillé dans des établissements reconnus comme Toqué!, Joe Beef, ou est-il diplômé de l’ITHQ ?
- Analysez le menu en ligne : Y a-t-il une véritable innovation au-delà des classiques photogéniques (ex: avocado toast, pancakes colorés) ? Cherchez des ingrédients ou des techniques inattendus.
- Examinez les photos des clients : Comparez les photos taguées par de vrais clients sur Instagram avec le feed officiel, souvent très produit. La réalité est-elle aussi alléchante ?
- Recherchez des mentions crédibles : Le restaurant est-il mentionné dans des guides sérieux et indépendants comme Tastet ou Canada’s 100 Best, au-delà des blogs et des listicles ?
- Comparez avec les alternatives locales : Utilisez Google Maps pour explorer les restaurants voisins moins médiatisés mais qui obtiennent d’excellentes notes de la part des résidents du quartier.
En appliquant cette démarche, vous troquerez une attente frustrante contre une découverte excitante. Vous ne subirez plus la scène culinaire, vous l’explorerez activement, en quête de substance plutôt que de simple apparence.
Combien laisser de pourboire : la norme de 18-20% expliquée aux visiteurs
Aborder la question du pourboire peut sembler trivial, mais à Montréal, c’est un sujet qui touche au cœur du fonctionnement de l’industrie de la restauration. Comprendre et respecter la norme locale n’est pas seulement une question de politesse ; c’est une marque de respect pour le travail et un signal que vous comprenez la culture dans laquelle vous vous immergez. Pour un visiteur, qu’il vienne de France où le service est inclus ou des États-Unis où les attentes varient, le « tip » montréalais a ses propres codes.
La norme à Montréal et au Québec se situe clairement entre 18% et 20% du montant de l’addition avant taxes. Pourquoi ce chiffre si précis et plus élevé que dans beaucoup d’autres endroits ? La raison est structurelle. Au Québec, le salaire minimum des employés à pourboire est inférieur au salaire minimum général. Le pourboire n’est donc pas un « bonus » pour service exceptionnel, mais une composante essentielle et attendue de leur rémunération. Ne pas laisser un pourboire adéquat revient à ne pas payer intégralement pour le service reçu.
Cette industrie représente une part considérable de l’économie locale. Rien qu’au Québec, on dénombrait plus de 253 000 personnes employées dans environ 18 500 établissements en 2024. Le système de pourboire est ce qui permet à beaucoup de ces professionnels de vivre de leur métier, surtout dans un contexte post-pandémique de pénurie de main-d’œuvre. Un pourboire généreux (20% et plus) pour un service attentionné est un investissement dans la qualité et la pérennité de la scène gastronomique que vous appréciez.
La plupart des terminaux de paiement proposent aujourd’hui des options pré-calculées (souvent 18%, 20%, 25%). La pratique la plus courante et la plus juste est de calculer ce pourcentage sur le montant avant l’ajout des taxes (TPS et TVQ). Choisir l’option 18% est considéré comme le standard pour un bon service ; 20% ou plus est la marque d’une grande satisfaction.
En laissant un pourboire conforme à la norme locale, vous ne faites pas qu’un geste financier. Vous participez à l’économie du restaurant, vous validez le travail de l’équipe et vous vous comportez non pas comme un touriste de passage, mais comme un convive éclairé.
Pourquoi les Fermes Lufa ont changé le paysage alimentaire de Montréal ?
Quand on parle de « manger local » à Montréal, l’image qui vient à l’esprit est celle de vastes champs en Montérégie ou dans les Laurentides. Pourtant, l’une des innovations les plus marquantes de la dernière décennie a poussé au cœur même de la ville, sur ses toits. Les Fermes Lufa ne sont pas juste une entreprise ; elles sont le symbole d’une révolution dans la chaîne d’approvisionnement, un changement de paradigme qui a redéfini la notion de circuit court pour les chefs et les citoyens.
Le concept, lancé en 2011, était audacieux : construire les premières serres commerciales sur toit au monde. L’idée était de cultiver des légumes frais toute l’année, directement en milieu urbain, pour les livrer le jour même de la récolte. Ce modèle de « ferme sur le toit » répond à plusieurs défis montréalais : la saisonnalité courte, la logistique du transport et la demande croissante des consommateurs pour une transparence totale. En cultivant sans pesticides et en utilisant l’hydroponie avec de l’eau de pluie recyclée, Lufa est devenu un pilier de l’agriculture urbaine durable.
L’impact sur la scène gastronomique a été profond. Soudainement, les chefs montréalais avaient accès à une source fiable et constante de produits ultra-frais, cueillis à quelques kilomètres de leur cuisine, même en plein hiver. Le modèle a fait ses preuves, avec des serres capables de produire plus de 300 variétés de fruits et légumes. Des restaurants qui affichent leur partenariat avec Lufa envoient un signal fort : ils privilégient la fraîcheur absolue et soutiennent un modèle d’affaires local et innovant.
Étude de cas : Le modèle Lufa et son impact direct
L’étude du modèle économique des Fermes Lufa révèle une stratégie intégrée. Elles ne se contentent pas de cultiver ; elles ont créé un marché en ligne, « le Marché Lufa », où elles proposent leurs propres produits ainsi que ceux de centaines d’autres fermiers et artisans québécois. Pour un chef, ce n’est plus seulement un fournisseur de légumes, mais un guichet unique pour s’approvisionner en produits locaux de qualité, du pain artisanal au fromage de chèvre. Cette centralisation logistique a simplifié l’accès au « local » pour de nombreux restaurateurs.
La présence de Lufa a éduqué le palais des Montréalais, qui sont devenus plus exigeants sur la provenance et la fraîcheur de leur nourriture. Pour le foodie, repérer la mention « Fermes Lufa » sur un menu ou savoir qu’un restaurant s’y approvisionne est un gage de qualité et un indice que l’établissement est aligné sur les valeurs de la nouvelle cuisine montréalaise : local, durable et innovant.
Les Fermes Lufa ont prouvé que le futur de l’agriculture pouvait être urbain, et ce faisant, elles ont donné un nouvel outil et une nouvelle saveur à la palette des chefs montréalais.
Yul Eat ou Martinique Gourmande : quel événement pour découvrir des saveurs exotiques ?
La scène culinaire de Montréal ne vit pas seulement dans ses restaurants ; elle s’anime et se réinvente lors de festivals et d’événements qui ponctuent l’année. Pour le foodie en quête de découvertes, ces rassemblements sont des accélérateurs de tendances, des occasions uniques de goûter à la créativité de dizaines de chefs en un seul lieu. Cependant, tous les festivals ne se valent pas et ne répondent pas aux mêmes envies. Savoir choisir le bon événement est une compétence clé pour explorer efficacement la diversité de l’offre.
Votre choix dépendra de votre objectif : cherchez-vous l’innovation locale des chefs émergents ou une immersion dans une culture culinaire spécifique et authentique ? Deux exemples illustrent bien cette dichotomie. Le festival MTLàTABLE (qui a succédé à YUL EAT dans l’esprit de beaucoup) est une grande célébration de la gastronomie montréalaise, où des centaines de restaurants proposent des menus à prix fixe. C’est une excellente porte d’entrée pour découvrir de nouvelles adresses et les chefs qui montent.
À l’opposé du spectre, un événement comme Martinique Gourmande propose une plongée thématique. Il ne s’agit plus de l’innovation pour l’innovation, mais de la célébration d’une tradition culinaire importée et adaptée avec des produits d’ici. C’est l’occasion de découvrir la richesse de la cuisine antillaise, des accras de morue au colombo de poulet, interprétée par des chefs et des restaurants spécialisés. Le tableau suivant vous aidera à y voir plus clair.
| Festival | Période typique | Focus | Gamme de prix | Idéal pour |
|---|---|---|---|---|
| MTLàTABLE | Novembre | Menus fixes dans des centaines de restaurants | 35$ – 85$ | Découverte de nouveaux restaurants, chefs établis |
| Happening Gourmand | Janvier-Février | Menus table d’hôte dans le Vieux-Montréal | 30$ – 50$ | Bon rapport qualité-prix, ambiance hivernale |
| Martinique Gourmande | Septembre | Cuisine antillaise authentique | Variable | Immersion culturelle, tradition importée |
| Festival Omakase | Variable | Cuisine japonaise haut de gamme | 100$+ | Expérience exclusive, techniques raffinées |
Cependant, le véritable secret des initiés ne réside pas toujours dans le programme officiel. Comme le souligne le guide des festivals montréalais, les pépites se cachent souvent en marge.
Les vraies découvertes se font souvent dans les pop-ups, les ‘takeovers’ de cuisine et les soupers collaboratifs qui ne sont pas au programme officiel.
– Guide des festivals montréalais, Maudits Français
Gardez l’œil ouvert sur les réseaux sociaux de vos chefs et restaurants préférés pour ces événements spontanés. C’est là que la créativité est la plus brute, la plus excitante, et que vous aurez un aperçu du futur de la gastronomie montréalaise.
À retenir
- La vraie saisonnalité se lit dans les produits éphémères (têtes de violon) et les techniques de conservation hivernale.
- Suivre le parcours des chefs (leur ‘pedigree’) est plus fiable que de suivre les listes de restaurants à la mode.
- Le choix de votre place (comptoir vs table) et votre pourboire sont des actes qui démontrent votre compréhension de la culture gastronomique locale.
Comment organiser un souper progressif (entrée, plat, dessert) dans trois restos différents ?
Vous avez appris à décoder les menus, à naviguer dans les écosystèmes de chefs et à éviter les pièges de la hype. Il est temps de mettre ces connaissances en pratique de la manière la plus ambitieuse et la plus « foodie » qui soit : le souper progressif. Le concept est simple et exaltant : au lieu d’un repas complet dans un seul restaurant, vous composez votre propre menu en visitant trois établissements différents pour l’entrée, le plat principal et le dessert.
Réussir un souper progressif est l’épreuve ultime de votre maîtrise de la scène locale. Cela exige une planification minutieuse, une bonne connaissance de la géographie des quartiers et une certaine audace. Il ne s’agit pas simplement de juxtaposer trois restaurants, mais de créer un parcours cohérent qui raconte une histoire. Vous pourriez, par exemple, organiser un parcours thématique dans le Vieux-Montréal, en passant du français classique à l’asiatique contemporain, puis au méditerranéen festif.
Exemple de parcours progressif dans le Vieux-Montréal
Le Vieux-Montréal offre une densité parfaite pour un parcours à pied. On pourrait commencer au Passé Composé pour une « entrée » décadente inspirée du brunch (œuf poché, foie gras), continuer au Yubari pour un plat principal japonais raffiné et créatif, et conclure à La Boqueria pour une touche sucrée et festive avec des churros et une crème catalane. Ce trio illustre la diversité culinaire du quartier en moins de 500 mètres.
Pour que l’expérience soit une réussite et non un marathon stressant, quelques règles d’or s’appliquent. Voici un guide pratique pour organiser votre premier souper progressif :
- Choisissez un quartier dense : La Petite-Italie, le Mile End ou le Vieux-Montréal sont idéaux pour minimiser les déplacements. Prévoyez 15-20 minutes de marche entre chaque arrêt pour la digestion et la transition.
- Réservez intelligemment : Réservez fermement pour le plat principal, qui est l’étape la plus longue. Pour l’entrée et le dessert, privilégiez des lieux avec des places au bar ou qui acceptent les « walk-ins » (bars à vin, pâtisseries, bars à cocktails).
- Gérez le timing : Un bon rythme serait de commencer vers 18h pour l’apéro/entrée, viser 19h30 pour le plat, et finir vers 21h30 pour le dessert.
- Budgétez le pourboire : Soyez généreux à chaque étape (18-20% minimum). Vous occupez une place précieuse pour une commande plus petite que la moyenne. C’est la marque d’un connaisseur respectueux.
Maintenant armé de ces outils de décodage, il est temps de planifier votre propre exploration culinaire et de construire votre carte personnelle de la nouvelle scène montréalaise. L’aventure ne fait que commencer.
Questions fréquentes sur les usages dans les restaurants montréalais
Faut-il calculer le pourboire avant ou après les taxes (TPS et TVQ)?
La pratique la plus courante et appréciée à Montréal est de calculer sur le montant avant taxes, mais certains calculent après pour être plus généreux. L’important est de viser la norme de 18-20%.
Comment tipper dans une ‘cave à manger’ ou un service au comptoir?
Le service y est souvent plus simple mais tout aussi professionnel. Pour les caves à manger comme Vinorama, un pourboire de 15-18% est une bonne norme. Pour un casse-croûte de luxe avec service au comptoir comme Bossa, 10-15% est un minimum apprécié.
Doit-on donner un extra au sommelier pour une recommandation exceptionnelle?
C’est apprécié mais non obligatoire, surtout si le sommelier a passé beaucoup de temps avec vous. Le pourboire général est partagé avec l’ensemble du personnel, y compris le sommelier, mais un extra direct est un geste de grande reconnaissance.